Méthanisation : un intérêt renforcé, notamment en élevage
En Auvergne-Rhône-Alpes, la méthanisation agricole est appelée à se développer.
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« L’intérêt économique de la méthanisation agricole s’est renforcé avec l’arrêté tarifaire de juin 2023 », assure Pierre Larrivé de GRDF. Dans la région Auvergne-Rhône-Alpes (AURA), qui compte 153 méthaniseurs, l’entreprise projette une accélération des mises en service. Une charte « Ambition biogaz 2028 » a été signée avec sept partenaires dont la chambre régionale d’agriculture et des visites ont été organisées pour les agriculteurs. C’est ainsi qu’Agri Méthabièvre, à Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs (Isère), a ouvert ses portes mi-décembre. Porté par six exploitations dans un rayon de 8 kilomètres, ce site en service depuis un an, injecte 190 Nm3/h.
Gestion des effluents
« Le but premier était de gérer nos effluents, présente Damien Chevalier, président de la SAS. À nous six, nous avons 450 vaches laitières et 60 vaches allaitantes pour 1 200 hectares épandables. Nous avons choisi de gérer collectivement nos effluents. » Ces derniers représentent 21 000 tonnes sur les 27 000 tonnes englouties à l’année par le méthaniseur.
La ration journalière moyenne du méthaniseur comprend 30 tonnes de fumier, 20 tonnes de lisier, 15 tonnes d’ensilage (seigle et maïs) et 8 tonnes de Cive. Tout provient des exploitations. La SAS achète les Cive aux exploitations et enlève gracieusement le lisier. Le fumier livré par les agriculteurs est payé 2 €/t pour couvrir le transport. La SAS gère l’épandage du digestat liquide, mais la phase solide (30 % du total) reste à la charge des agriculteurs.
Le site emploie deux salariés à plein temps, qui sont d’astreinte la nuit et un week-end par mois. Les associés se répartissent en binôme les autres week-ends. « Le travail a diminué sur nos fermes, car nous ne gérons plus les épandages », se félicite en outre Damien Chevalier. Avec 7,5 millions d'euros investis dont 1,5 million d'euros de subventions, la SAS dégage 230 000 € par mois de chiffre d’affaires estimé. Elle ne compte aucun actionnaire externe.
Une installation portée par des céréaliers bio
À Saint-Quentin-Fallavier (Isère), un autre méthaniseur de 120 Nm3/h mis en route en mars 2023 et porté par des céréaliers bio, visait plutôt un but agronomique. Pari gagné : « Nous n’avons pas acheté de fertilisants cette année », se félicite Martial Vial, l’un des associés. Toutefois les Cive entrant dans la ration du méthaniseur sont en partie achetées à l’extérieur.
« Les effluents d’élevage permettent de meilleurs tarifs de rachat et sont intéressants pour l’activité biologique, souligne Pierre Larrivé. Aujourd’hui, des projets basés sur les effluents d’élevage sont rentables à partir de 80 Nm3/h. Alors que l’attrait de la méthanisation se renforce, l’enjeu est de trouver la bonne dimension pour être rentable, accepté socialement et non dépendant de l’achat de matières premières. »
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